Hambach Forest

[FR] La forêt d’Hambach (Rhénanie-du-Nord) est un territoire marqué par la dévastation liée à l’extraction du lignite. Vieille de plus de 12 000 ans, riche en espèces protégées et en milliers d’arbres centenaires, cette forêt primaire couvrait plus de 4 600 hectares au début de l’exploitation minière en 1978. Après l’arrêt du déboisement obtenu en 2020, il n’en reste que 650. Cet ancien poumon vert de l’Allemagne du Nord laisse désormais la place à une vaste carrière à ciel ouvert de 53 km² et plus de 300 m de profondeur. Fondant leur pratique de créateur sonore sur le field recording et la composition électroacoustique, Ida Hiršenfelder et Hugo Lioret ont choisi de s’intéresser à ce site post-industriel. Durant l’été 2025, ils y ont prélevé un ensemble de sons géophoniques (vent, pluie…), biophoniques (oiseaux, insectes, mammifères…) et anthropiques (excavateurs miniers, vibrations mécaniques…), pour écouter la vie résiduelle d’une forêt au cœur d’un territoire profondément artificialisé. Ne cherchant pas à reconstituer une harmonie perdue, mais plutôt à rendre perceptible ce qui persiste et résiste sur fond de dévastation, leur démarche s’apparente à une archéologie acoustique du vivant, attentive à reconnaître ce qui prolifère encore dans les interstices du désastre. Retravaillés en un triptyque sonore — Le Couloir d’images, Solastasis et Présence — au sein de l’installation “Jusqu’où plie la branche avant de se rompre ?”, ces enregistrements de terrain forment un atlas sonore en ligne qui prolonge par une écoute géolocalisée l’œuvre présentée à Même si du 20 novembre au 9 décembre 2025.

[EN] The Hambach Forest (North Rhine) is a territory scarred by the devastation caused by lignite extraction. Over 12,000 years old and home to numerous protected species and thousands of century-old trees, this primeval forest once covered more than 4,600 hectares when mining operations began in 1978. After deforestation was halted in 2020, only 650 hectares remain. This former green lung of northern Germany has now given way to a vast open-pit mine covering 53 km² and plunging over 300 meters deep. Grounding their sound-based practice in field recording and electroacoustic composition, Ida Hiršenfelder and Hugo Lioret chose to focus on this post-industrial landscape. During the summer of 2025, they collected a set of geophonic (wind, rain…), biophonic (birds, insects, mammals…) and anthropogenic (mining excavators, mechanical vibrations…) sounds, in order to listen to the residual life of a forest at the heart of a profoundly artificialized territory. Rather than attempting to reconstruct a lost harmony, they seek to make perceptible what still persists and resists amid the devastation. Their approach resembles an acoustic archaeology of the living, attentive to what continues to proliferate in the interstices of disaster. Reworked into a three-part sound piece — Le Couloir d’images, Solastasis, and Présence — within the installation “How Far Does the Branch Bend Before It Breaks?”, these field recordings form an online sound atlas that extends, through geo-localized listening, the work presented at Même si from 20 November to 9 December 2025.